Les deeptech, ou technologies de rupture, ont connu ces dernières années un grand essor au Québec et l’arrivée du premier fonds de capital de risque dédié à ces entreprises au début 2021, Boreal Ventures (Boréal Capital de risque), le prouve. Lancé avec une capacité d’investissement initiale de 26 M$, Boreal Ventures est rapidement suivi de BDC Capital qui crée en mai 2021 le Fonds pour les technologies profondes de 200 M$.

Les deeptech, des entreprises d’impact avant tout

La mission même des deeptech est de répondre à des défis sociétaux grâce à la haute technologie – l’intelligence artificielle, la biotechnologie, la technologie de la chaîne de blocs, la robotique, la photonique, l’électronique ou le quantique par exemple -, dans divers domaines. Ce sont, par essence, des entreprises d’impact.

Prenons un exemple local : Molecular Forecaster Inc. (MFI) a créé une plateforme de chimie informatique qui permet, grâce à l’apprentissage automatique, d’accélérer la recherche de médicaments et donc de peut-être sauver plusieurs années de recherche. Durant la pandémie, l’entreprise s’est d’ailleurs impliquée dans la recherche de traitements pour la COVID-19. L’impact sociétal de l’entreprise est clair.

Alain Bakayoko, PME MTL

« La pandémie actuelle a poussé les chercheurs, les entrepreneurs, les industriels et le gouvernement à réaliser davantage l’importance d’adopter les deeptech lorsque les moyens conventionnels ne sont plus efficaces pour résoudre des problèmes complexes ».

Alain Bakayoko

Directeur, Commercialisation des Innovations, Sciences de la vie et Technologies de la santé, PME MTL

Pourtant, cette notion d’impact n’est que très peu soulevée quand on se réfère à ces entreprises à la pointe de la technologie, et ne semble pas être un critère de financement.

« Les domaines de la santé, de l’agriculture ou des technologies propres sont des secteurs où les deeptech peuvent apporter le plus de bénéfices. Or, le soutien actuel offert aux PME technologiques s’organise généralement par domaine d’activité. Il n’est pas suffisamment adapté aux besoins spécifiques des entreprises deeptech et ne prend pas en compte le potentiel d’impact qu’elles peuvent apporter dans nos . sociétés », précise Alain Bakayoko, Directeur, Commercialisation des Innovations, Sciences de la vie et Technologies de la santé, PME MTL.

Les deeptech doivent-elles s’adapter aux modèles de financement existants?

Ces entreprises ont, par leur nature, un cycle de développement plus long. Recherche, construction de leurs solutions technologiques, tests, homologations…il faut parfois plusieurs années pour commencer à commercialiser.

Cette spécificité peut amener à un fossé entre l’application technologique et la réalité du marché – c’est d’ailleurs l’un des plus grands défis des deeptech. Idéalement, les avancées technologiques d’une entreprise doivent avancer aussi vite que le marché et répondre à un besoin actuel au moment de la commercialisation.

Cette dynamique fait en sorte qu’il existe peu de fonds pour ce type d’entreprises au Québec. Est-ce donc aux deeptech de s’adapter aux modèles de financement actuels?

« Chez MFI, nous adaptons les solutions que nous proposons à nos clients afin de répondre à leurs besoins et exigences uniques. Pour nous, il s’agit de trouver les moyens de les accompagner dans leur réussite, quelle que soit la forme de cette réussite. Je crois que les organisations qui soutiennent les jeunes entreprises des sciences de la vie devraient s’engager de la même manière à proposer des offres personnalisées. Toutes les jeunes entreprises n’ont pas forcément besoin ou envie de faire appel à un financement par capital risque, et l’acquisition n’est pas toujours leur objectif final; il y a plusieurs options disponibles pour atteindre différents objectifs de développement ».

Josh Pottel

PDG et cofondateur, MFI

Josh pottel, Molecular Forecaster

L’écosystème devrait-il alors évoluer pour s’adapter à ces nouvelles entreprises technologiques?

« En effet, pour répondre de manière plus efficace aux besoins émergents de cette industrie montréalaise naissante, l’écosystème de soutien aux PME devrait faire évoluer son modèle et davantage se structurer autour de ces entreprises innovantes », conclut Alain Bakayoko.

Mais de quoi avons-nous besoin pour continuer à bâtir cet écosystème deeptech en pleine croissance à Montréal? Comment pouvons-nous mieux soutenir ces entreprises et leur développement?

Nous tenterons de répondre à ces questions lors de la conférence Innovation sociale : nouvelles approches du financement d’impact pour les technologies de rupture coorganisée par PME MTL et le Technoparc Montréal durant l’événement Effervescence 2022 – le futur des sciences de la vie, en présence de plusieurs PME du secteur et des acteurs clés de l’accompagnement et du financement aux entreprises.